Zoom sur cette approche alternativement animale
« De toutes les thérapies qui ont vu le jour ces dernières années, la zoothérapie est peut-être celle qui s’appuie sur l’un des plus anciens et des plus constants phénomènes naturels : le lien étroit qui se tisse entre l’être humain et l’animal », écrit Dr Maria Tanasa dans sa thèse universitaire « La Zoothérapie, une autre thérapie en EHPAD ».
En réalité ancienne, cette pratique remonte précisément à 1792, lorsque des protestants Quakers anglais décidèrent de placer des patients en compagnie de lapins ou de poules, dont ils devaient s’occuper. Le but était d’induire chez eux un plus grand contrôle émotionnel. Après cette première expérimentation, les animaux font progressivement leur entrée dans les hôpitaux psychiatriques.
Mais c’est à Boris Levinson, un psychiatre new-yorkais, que l’on attribue la création de la zoothérapie dans les années 1950. Selon lui, l’animal est un facteur de résilience par excellence.
La médiation animale comme accompagnement dans la thérapie
Ce terme de « zoothérapie » ou, de préférence, « médiation animale » désigne les interventions réalisées avec l’assistance d’un animal.
On trouvera aussi les termes de « thérapie assistée par l’animal » ou d’« animation assistée par l’animal».
Son objectif ? Maintenir ou améliorer un état de bien-être physique, mental ou social des patients avec des animaux spécifiquement éduqués. Cette méthode cherche ainsi à susciter des réactions sollicitant les capacités physiques, psychiques, sociales et affectives de la personne via la relation instaurée.
La maladie, et donc le soin, ont en effet une composante relationnelle. Être malade, ce n’est pas seulement être atteint d’un dysfonctionnement biologique : c’est se voir attribuer un rôle différent dans la vie sociale.
Face aux individus moins « capables » ou moins « productifs », les comportements des autres changent. Le malade chronique ou incurable pourra susciter un surcroît d’attention, ou au contraire de la crainte. Les relations s’en trouvent asymétriques et une forme d’isolement se fait souvent sentir.
Les animaux permettent à l’être humain ainsi frappé d’altérité de développer une communication non verbale. L’animal est une présence, un être vivant auquel on peut parler, même confusément, ou ne pas parler du tout. Son effet bénéfique tient dans le stimulus psycho-affectif et l’échange coordonné qu’il permet (par exemple, une caresse à un chat déclenche un ronronnement).
L’éthologie a fait ressortir le fait que les animaux, et spécifiquement les chiens, ressentent des émotions, dont certaines peuvent être associées à une forme de compassion. La relation avec l’animal crée les conditions d’un soin sans les mots.
En quoi l'animal est-il un fabuleux médiateur ?
Offrant un ancrage immédiat dans la réalité tout en stimulant de nombreuses capacités, l'animal permet une grande variété de stimulations. Catalyseur hors pair, il est non seulement d'une pureté absolue, mais répond également aux 5 compétences socles, définies par Hubert Montagné, permettant un bon développement affectif de la personne.
Véritable agent transitionnel vivant, l'animal est là pour la personne, lui procurant un sentiment de sécurité et lui permettant ainsi de (re)prendre confiance en elle, tant au niveau physique que psychique.
L'animal accepte la personne telle qu'elle est, avec ses difficultés, ses souffrances, ses peurs, sans jamais juger, lui apportant toute son affection et sa tendresse. Ce respect spontané est source de valorisation.
A qui s’adresse la zoothérapie ?
La médiation animale s’adresse à toute personne ou groupe de personnes en situation de souffrance motrice, sensorielle et/ou psychique, de fragilité ou de dépendance. Elle peut également s’adresser à des personnes souhaitant un accompagnement dans leur épanouissement ou dans leur développement personnel.
L'animal dépasse la frontière du langage en utilisant des systèmes de communication accessibles aux personnes présentant des troubles du langage et de la compréhension.
Une approche non médicamenteuse de la maladie
De nombreuses études sont unanimes : les bienfaits de la zoothérapie sont tangibles.
Plusieurs recherches font état des divers bénéfices rattachés à la présence d’un animal domestique. Entre autres, on note des effets positifs sur le système cardiovasculaire, une réduction du stress, de la pression artérielle et du rythme cardiaque, et une amélioration de l’humeur.
Les résultats d’une étude sur l’impact sociologique d’un animal montrent que la présence de celui-ci peut être un stimulant efficace pour garder la forme physique, réduire l’anxiété et les états dépressifs, et améliorer ses capacités de concentration.
Selon le père de la ronronthérapie, le vétérinaire toulousain Jean-Yves Gauchet, le ronronnement améliore la production de sérotonine, qui agit positivement sur l’humeur et exerce une action bénéfique sur la tension artérielle.
- En Italie, une étude a démontré que la zoothérapie peut avoir des effets bénéfiques sur le bien-être psychologique des personnes âgées. En effet, les séances de zoothérapie avait permis de réduire les symptômes dépressifs, l’anxiété et d’améliorer la qualité de vie et l’humeur des participants.
- En 2008, deux revues systématiques indiquent que la zoothérapie pourrait contribuer à réduire l’agitation de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
- Dans le service de gérontopsychiatrie du CHU de Nîmes, le recours à l’équithérapie a permis de diminuer la prise d’anxiolytiques et d’antalgiques.
- La zoothérapie peut contribuer à améliorer la qualité de vie des schizophrènes. Dans une étude portant sur des personnes atteintes de schizophrénie chronique, la présence d'un chien lors de périodes d'activités planifiées a réduit l'anhédonie et a favorisé une meilleure utilisation du temps libre. Une autre étude a montré que 12 semaines de zoothérapie pouvaient avoir des effets positifs sur la confiance en soi, la capacité d’adaptation, et la qualité de vie.
- Une autre récente étude, publiée par l’université de Manchester, atteste des améliorations concrètes constatées sur le comportement de personnes atteintes de troubles schizophréniques, bipolaires ou autistiques.
Un essai clinique réalisé en 2003 a tenté de démontrer les effets bénéfiques de la zoothérapie auprès de 35 patients souffrant de troubles mentaux sévères et devant recevoir une thérapie par électrochocs (sismothérapie). Avant le traitement, ils ont soit reçu la visite d'un chien et de son maître, soit lu des magazines. La présence du chien aurait réduit la peur de 37 % en moyenne comparativement au groupe témoin.
À retenir : l’animal comme adjoint thérapeutique
La médiation animale s'appuie donc sur le lien ancestral et naturel qui existe entre l'être humain et l'animal pour venir en aide aux personnes fragilisées.
De façon générale, la présence d’un animal est thérapeutique : elle apaise, égaye et incite avantageusement à se soucier d’un autre que soi.
Au-delà des effets physiologiques avérés (baisse de la tension artérielle et du rythme cardiaque, augmentation des taux de dopamine et d’ocytocine), les preuves de l’efficacité de ces mécanismes sont prouvés.
S’ils n’ont pas les mots pour communiquer, les animaux savent établir des liens avec l’homme. La médecine contemporaine ne saurait faire l’économie de cette sagesse ancestrale.
Article rédigé par Anne-Lise Gauthier
Bonjour, pourriez-vous svp partager vos sources des études (italienne, CHU de Nîmes, Manchester...) ? Merci !