La lecture de la littérature de médecine fonctionnelle offre la découverte de nombreux modes alimentaires qui ont fait la preuve de leur efficacité avec le temps. Parfois contradictoires, ils se rejoignent tous sur un point qui est de prôner une alimentation plus saine pour améliorer sa qualité de vie.
Les divers mécanismes de « l’encrassage » selon le Dr Seignalet
Une des premières à se rendre compte de ce phénomène fut Catherine Kousmine avec la méthode qui porte son nom. Elle permit de poser les premières pierres d’une médecine globale où psyché et somatique se rejoignent autour d’une alimentation saine. Sa méthode prône telles les thérapies cognitivo-comportementales de la troisième vague un processus actif d’acceptation et d’engagement dans le changement de la part du patient (87).
Ensuite vient le Dr Seignalet, en concordance avec le Pr Joyeux, avec son livre « Alimentation ou la troisième médecine ». Décrié comme loué, son régime, qui déconseille le lactose et le gluten, permit de faire de nouvelles avancées dans la compréhension physiopathologique du corps humain et de mettre en lumière l’intérêt de la population pour une médecine moins médicamenteuse. Un de ses principaux concepts est la théorie de l’encrassage que l’on explique à présent avec les avancées en recherche physiopathologique par l’accumulation de facteurs pro-inflammatoires.
Le dernier né dans ces différentes prises en charge est le régime FODMAPs, acronyme de « Fermentable Oligo, Di, and Mono-saccharides, And Polyols ».
Créé en Australie par des médecins de l’université de Monash, la nutritionniste Dr Sue Shepherd ainsi que le professeur de gastro-entérologie et président de la société de gastrologie australienne Pr Peter Gibson, il se focalise sur divers sucres (glucides ou encore saccharides) dits fermentescibles que sont : le fructose, les fructanes, le lactose, les galactanes, les polyols et les édulcorants de type sorbitol. À noter qu’un régime sans gluten supprimera aussi par la même occasion une part significative des FODMAPs.
Cette fermentation ayant, dans ce modèle, un rôle favorisant dans les symptômes du syndrome de l’intestin irritable et donc par la même occasion dans l’état inflammatoire dit de bas grade. Ces sucres sont très présents dans les plats préparés par l’industrie agroalimentaire, mais également dans de nombreux aliments naturels. Leur réduction permettrait donc la diminution de l’inflammation et la cicatrisation de la muqueuse intestinale.
Exemple de modèle alimentaire d’épargne digestive « pauvre en FODMAPs »
Association IEDM et laboratoire PILEJE
Cette charge en sucre fermentescible est variable d’un individu à l’autre, mais aussi selon les cultures alimentaires, il n’existe donc pas de règles généralistes permettant de prédire à l’avance son efficacité. De plus de par sa complexité, il est difficile de le respecter strictement sur le long terme. Néanmoins, un essai sur 4 à 8 semaines peut être une expérimentation intéressante car le principal critère d’évaluation reste l’obtention d’un mieux-être chez le patient traité.
La relation de cause à effet entre l’absorption d’aliments contenant des FODMAPs et les symptômes du syndrome de l’intestin irritable semble être la suivante :
Les FODMAPs sont difficilement absorbés par l’intestin grêle et vont donc se retrouver en quantité dans le côlon.
L’organisme essaie de les diluer en augmentant la part hydrique au sein du tractus digestif, ce qui est à l’origine de diarrhées et d’une augmentation du péristaltisme intestinal.
Ils représentent la majeure partie de la nourriture nécessaire aux bactéries qui peuplent notre microbiote intestinal. Pour s’en nourrir, les bactéries les fragmentent et les fermentent, ce qui provoque la production en excès de gaz. De plus, si le microbiote est perturbé, la présence de FODMAPs contribuera à entretenir des bactéries délétères au bon fonctionnement de l’organisme du sujet avec des conséquences aussi bien somatiques que psychiques.
Les pistes thérapeutiques en faveur de ce régime apparaissent donc solides et commencent à faire l’objet de recommandations du fait de son efficacité dans près de 75 % des cas lors des études en vie réelle et de son effet aussi bien nutritionnel, microbiologique que psychosocial. Des récents essais montrent également une diminution des interleukines pro-inflammatoires IL-6 et IL-8 au sein du sérum sanguin.
Mais sa difficulté de mise en œuvre sur le long terme a également fait émerger certains conseils plus généralistes qui montrent également une certaine efficacité ou qui peuvent être mis en place après une période de strict respect du régime FODMAPs :
Faire 3 repas par jour, ni trop ni trop peu à chaque repas, en évitant d’avoir faim ou de se sentir "trop plein"
Manger lentement, au calme et en mâchant bien les aliments
Réduire la quantité d’aliments gras ou épicés, de café, d’alcool, d’oignons, de choux, et de haricots
Éviter les boissons gazeuses, les chewing-gums et les édulcorants finissant par « -ol »
Répartir l’apport de fibres de façon homogène sur la journée.
Dans tous les cas et quel que soit le régime alimentaire conseillé, celui-ci devra être personnalisé à chaque patient, mais aussi réadapté au cours du temps et des changements, afin de ne pas développer de carence et de maintenir le patient dans une démarche active de soins et d’éducation thérapeutique.
L’équipe d’Éléa Santé saura vous accompagner dans cette démarche afin d’en tirer tous les bénéfices.
Article rédigé par Dr Loris-Alexandre MAZELIN
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